L'Echo du Pas-de-Calais n°51, janvier-février 2004

Il a été maire, conseiller général et la politique l'a « abandonné ». Il a été médecin de famille et des problèmes de santé l'ont obligé à raccrocher le stéthoscope, alors il est devenu chanteur d'opérette ! « En fait, j'ai été vacciné à l'aiguille du tourne-disque par des parents amoureux de Tino Rossi », avoue J.-M. Truffier. On voit que le langage reste médical. Pour preuve, il note ses programmes sur d'anciennes ordonnances ! Une pincée de Périchole, un chouïa de Veuve joyeuse, un peu d'À nos amours, une dose de Mexico, trois gouttes d'Heure exquise… Et ces médicaments génériques là, sont garantis cent pour cent bonne humeur. La thérapie est simple, celle de la joie de vivre et du bonheur « qu'on éprouve et qu'on donne en chantant ».
La voix est belle, bien posée. C'est celle d'un baryton Martin, ou encore « ténor paresseux » que des cours au conservatoire d'Abbeville réveillent doucement. « Dix ans plus tôt, j'aurais pu gagner quelques notes, mais la cinquantaine dépassée… ». Pour se produire, notre médecin chantant s'est entouré de divas. Stéphanie Gouilly et Mathilde Jacob cumulent les prix de conservatoire et leur voix de soprane fait chavirer les cœurs. Trois musiciens les accompagnent : Raymond au clavier, Bernard à la guitare, Pascal à l'accordéon en un curieux mélange de sons et d'époques baptisé « Opérette en fête ».
À sa façon, le groupe fait de la résistance car si l'opérette a disparu des écrans et des radios, elle reste à fleur de mémoire. Le public en redemande et reprend les refrains avec nostalgie. On ne parle pas là de musique en col blanc, mais d'une culture qui ne se prend pas la tête, d'une culture populaire. L'opérette est la musique des plus de 50 ans, reconnaît J.-M. Truffier. Florimond Hervé, né le 30 juin 1825 à Houdain et créateur du genre, disait que c'est « une musique burlesque et loufoque », deux qualificatifs qui ne devraient pas déplaire aux plus jeunes. On sait comment vont les modes.

Retrouvez « Opérette en fête » le 15 février 2004 à Sainte-Catherine, le 22 février 2004 à Duisans, le 18 mars 2004 à Vimy.

Jean-Yves Vincent